vendredi 20 août 2010

Echec



Les chandelles jetaient nos deux visages dans une pénombre exquise. Seuls nos souffles entre-coupés montaient gracieusement entre les fumées tournoyantes de nos cigarettes. Je me glissais peu à peu dans un de ces doux moments de quiétude qui suivent les spasmes de plaisir. Mes membres s'engourdissaient  et ma tête retombait sur un torse nu, brulant, suant encore. Cette fragrance... Elle a je ne sais quoi d' écœurant.  A mesure que l'ivresse s'évanouissait , mes pensées revenaient , débordantes, torturantes, creusant mes mâchoires d'une grimace de dégout humain. Maintenant cette cuisse d'homme allongée sur moi prenait une lourdeur de plomb. J'en souffre comme d'un supplice. Le souffle qui me parvenait au front était irritant. La main posée sur ma gorge m'étouffait, arrêtait d'un poids énorme les battements de mon coeur. Une répugnance terrible et irrésistible me souleva... Les larmes me vinrent aux yeux.


Lasse et ennuyée je croyais pouvoir désacraliser notre union, la trainer dans la boue pâteuse et profonde du vice... en m'offrant à lui , je crus pouvoir t'y enterrer. Insensée que j'étais! Me voilà honteuse et défaite, écrasée sous la souveraineté farouche de ton souvenir.

4 commentaires:

  1. Je suis ivre en te lisant !!
    C'est trop beau , et j'ai adoré les métaphores dans les deux postes ! C'est ce qui embellit tes textes !
    Bonne continuation

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  2. "Le temps est une sorte d’éponge pour gros et menus travaux : il aspire le présent, boit les souvenirs, parfois les efface, ou les exprime ; il ne caresse pas l’avenir, cette invention des hommes".... Un jour, le destin l'a amené à toi...Un autre, son souvenir s'effacera....

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  3. Ainsi ce ne serait pas l'amour qui nous enchaîne mais le vice??

    tu me portes un sacré coup au moral! :)
    j'espère avoir mal compris, j'ai un peu mal à la tête..

    très beau style.
    bonne continuation

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  4. je me suis sentie comme soulagée et puis soudainement étouffée, oppressée, angoissée ... sublime ton essai ! torture-moi davantage, par pitié !

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